Souvenez-vous !
Je me rappelle d’une époque pas si lointaine, lorsque j’ai appris à conduire.
J’ai grandi dans les années 90, à une ère où les réseaux sociaux n’existaient pas. Chacun était libre de ses opinions, et il était surtout plus facile de les garder pour soi. Ce que je veux dire par là, c’est que nous n’étions pas influencés par des modes, des styles de vie ou encore un mode de pensée unique. Comme beaucoup de gamins de mon âge, je rêvais de pouvoir un jour conduire une voiture, avec une CB ou même un téléphone à bord !
Bref, c’était une période où la voiture occupait encore une place prépondérante dans la société, où seuls les chauffards étaient vus comme des assassins. À notre époque actuelle, les choses sont complètement différentes, mais je ne veux pas polémiquer ici : ceux qui me connaissent bien savent déjà ce que j’en pense.
J’ai eu la chance d’avoir des parents et des grands-parents qui nous ont toujours encouragés et soutenus. C’est ainsi que, dès l’âge de 16 ans, j’ai pu faire la conduite accompagnée et obtenir mon permis B deux semaines après avoir soufflé ma 18ᵉ bougie.
Pourquoi cette comparaison ?
Tout simplement parce qu’apprendre à voler, que ce soit en ULM, en avion ou en hélicoptère, revient finalement à apprendre à utiliser un mode de transport, comme la voiture ou la moto. Bref, cela revient à apprendre à conduire.
J’ai personnellement retrouvé des sensations que j’avais à l’époque où je montais à bord de la Renault Mégane de mon auto-école, dans laquelle Gilles, avec son look de biker – légère barbe, longue queue de cheval, blouson en jean et tête de mort autour du cou – m’attendait en train de fumer un gros cigare. Et oui, je vous l’ai dit dans l’introduction, c’était une autre époque !
Et l’ULM dans tout ça ?
Eh bien, quand on commence à voler seul ou accompagné d’un autre pilote – ce qui s’apparente finalement à de la conduite accompagnée, sauf qu’ici ce sont des copains pilotes plus aguerris qui jouent le rôle d’accompagnateurs – on rencontre les mêmes problèmes : « Tu peux déjà tourner en base… » « Mais non, Julien m’a toujours dit 45 degrés par rapport à l’axe de piste ! » Bref, cela donne parfois des scènes cocasses ! Mais toujours dans la bonne humeur, car on a 40 ans et non plus 16 ans !
Quand on est jeune pilote, on est tellement concentré sur son vol, l’extérieur, la trajectoire, la vitesse, l’altitude, qu’on ne ressent plus rien d’autre. Le froid, la soif, la faim, et les autres besoins passent soudain au second plan.
J’ai voulu écrire ces quelques lignes car, lors de mon dernier vol vers Le Touquet avec Cédric, j’ai pour la première fois ressenti le froid en vol, et j’ai allumé le chauffage. Ce n’est, en soi, pas grand-chose, mais pour moi, cela signifie beaucoup : j’ai franchi un cap. Je commence à voler de manière plus zen, plus ouverte aux éléments extérieurs inhérents au vol.
Cela me ramène une fois encore à la comparaison avec la voiture. Au début, je coupais systématiquement l’autoradio, je retirais le tapis de sol non fixé pour éviter qu’il gêne mes pieds, etc.
Quelles sont les difficultés rencontrées et comment les surmonter ?
Comme en voiture, on peut parfois être impressionné par des zones complexes. Je pense par exemple aux CTR de classe D, comme celles du Touquet ou de Lille. Cela revient, comme toujours, à bien préparer son vol en amont, mais la complexité de ces zones augmente considérablement la charge de travail pour un jeune pilote. C’est un peu comparable à un jeune conducteur habitué à rouler dans des zones rurales, qui doit soudain se rendre à Paris.
Je me souviens que, lors de ces moments, mon GPS a été un excellent allié. Grâce à lui, je savais à l’avance où je devais aller. Ce système m’a permis de prendre beaucoup d’assurance à l’époque, et aujourd’hui, ce genre de situation ne me pose plus de problème.
Je pense que, au-delà d’une préparation minutieuse du vol, ma tablette et son logiciel de navigation SkyDemon sont également de précieux alliés pour aborder ces zones complexes.
Pour conclure…
Je pense que chacun doit progresser à son rythme ; nous n’avons pas tous la même manière d’évoluer. Je suis quelqu’un qui, comme dirait mon collègue italien, « chi va piano, va sano e va lontano » (celui qui va lentement va sainement et va loin), quand il me reproche de ne pas vouloir travailler 😉 avant d’ajouter : « Bastardo ! »
Mais je suis aussi convaincu que les clubs partout en France organisent régulièrement des sorties pour permettre à chacun de progresser continuellement, car on apprend de ses erreurs et de celles des autres.
Alain, l’un de nos instructeurs, mais aussi la personne avec qui j’ai volé pour la première fois au club ULM Évasion de Maubeuge, m’a dit la phrase suivante : « Tu en apprendras autant en vol qu’autour de la table en prenant un verre avec les autres… » et c’est vrai.
De mon côté, je vais continuer à voler à mon aise ; petit à petit, l’oiseau fait son nid, comme on dit…
